Journal d’un sous-terrien 🔦

Derniers préparatifs, QR Code à accrocher, pain à découper, tables à installer… C’est bon, nous sommes prêtes! Après avoir assisté à la balade du groupe “J’y étais pas” sur le thème du chantier d’insertion ACTA VISTA, à notre tour d’amener nos participant.e.s au cœur de la Citadelle, grâce à nos quatre stations.

Station 1 : Introduction et présentation du journal 

Nous nous sommes retrouvé.e.s dans la demi-lune de la Citadelle pour un premier atelier d’introduction dirigé par Mathilde. Cela a permis de mettre en lumière le fil rouge de notre balade. A partir des entretiens, nous avons créé un personnage : le général Haquabe (en référence aux nombreuses inscriptions “ACAB” sur les murs des souterrains aujourd’hui). Il a été muté à Marseille pour travailler dans le service des transmissions et écrit dans son carnet ses ressentis et appréhensions. Il est notre guide jusqu’aux souterrains, dernier arrêt de la balade.

Quelques jours avant de descendre à Marseille, 1973, 

Cher Journal, 

J’ai appris que j’étais muté dans les souterrains du fort de Marseille. Je me questionne sur ce à quoi cela pourrait ressembler. J’ai beaucoup de fantasmes à propos de ce lieu. Et je crois que je me suis fait une idée de ce que ça pourrait être. Ou pas vraiment finalement. J’aimerais en parler avec des collègues, et échanger à ce sujet. 

Ce premier atelier permet d’initier un fantasme sur l’univers des souterrains chez les participantes… Iels les découvriront à la fin de la balade !

Une fois les participant.e.s équipé.e.s de masques et de casques, nous nous dirigeons vers la deuxième station : L’atelier de transmission.

Station 2 : Transmissions ! 

Dans le jardin de la Citadelle, les participant.e.s découvrent l’univers sonore des souterrains. A l’aide de deux pistes audio (accessibles en scannant un QR CODE), iels devinent les sons enregistrés lors de nos précédentes visites. Après un débrief collectif, nous nous sommes rendues compte que le fantasme avait opéré. Les participant.e.s devinaient autre chose que les sons réellement enregistrés.

On vous laisse aussi faire le test, qu’est ce que vous avez entendu ici?

Audio 1 – Les sons des souterrains
Audio 2 – Les sons des souterrains

A la fin de ce debrief, nous avons invité les participant·e·s à gagner la troisième station, en récupérant leur badge d’entrée pour les souterrains.

Station 3 : La Saint-Gabriel !

Les participant.e.s s’installent autour d’une table, au niveau de la tour du Moulin. Une fois encore, le général Haquabe nous guide à travers la voix de Jeanne : 

29 septembre 1974 

Ça fait presque un an que je suis au Fort, la division de Marseille est calme, on vit un peu au rythme de l’OM et c’est pas trop contraignant. On sort à 16h30, on fait des footings sur la corniche jusqu’au David, on se baigne aux bains militaires…. 

Aujourd’hui, c’est la Saint Gabriel. Alors, on va faire un grand repas tous ensemble, près du moulin. J’ai hâte de découvrir cette nouvelle tradition, hâte de bien manger, de bien boire, de bien rigoler. Je le connaissais peu, le Gabriel. Lieutenant Jean m’a dit que c’était le Saint Patron des télécommunications et de la radio. Un peu comme quand l’ange Gabriel  a annoncé à la vierge Marie qu’elle attendait l’enfant Jésus finalement. Je crois que ça vient de là.

Nous partageons une dégustation de pain à l’huile d’olive qui initie de très beaux échanges sur la vie quotidienne des militaires dans les souterrains. Cela a notamment permis aux participant·e·s de poser des questions sur les souterrains, la balade… Petite pause avant de se remettre en route pour notre dernier arrêt… les souterrains !!

Station 4 : Les souterrains !!! 

Nous nous sommes dirigé.e.s vers les souterrains. Un point sécurité par Lucie a été fait en amont du trajet.
Arrivé.e.s devant l’entrée du bassin de carénage, nous avons partagé nos ressentis aux participant.e.s à l’aide d’un audio diffusé sur une enceinte :

Après un point sécurité sur les déplacements dans les souterrains et l’indication de Jeanne comme personne référente, nous avons pu entrer…
Ah non ! Un groupe de jeunes lycéens est sorti des souterrains ! Première fois que nous croisons d’autres visiteurs que nous en ces lieux. Un peu prises au dépourvu, notre échange fut très bref et nous avons oublié de récupérer un de leurs contacts pour comprendre leur usage du lieu. Mais il faut y aller ! Déjà 1h20, les participant.e.s  sont impatient.e.s de rentrer dans les tunnels. Alors, c’est parti! 

Nous les avons conduits à la salle habituelle des teufs, et les avons immergé dans une atmosphère particulière : “La clef des champs” de NTO  sur l’enceinte, des lumières bleutées aux plafonds. Claire prend la parole pour lire le dernier passage du journal, écrit par le petit-fils du général Haquabe. Sortez les mouchoirs, c’est la séquence émotion de la balade : 

Grand-père, 

Plus de cinquante ans après, je mets la main sur ce journal dont tu m’avais tant parlé. Il était là, enfoui sous les débris de verre et les effondrements de plafond. Des archives d’époque, tu sais, on en trouve des tas à chaque fois que l’on vient ici. Mais quand entre les brisures de verre j’ai vu cette couverture rouge, et puis ton nom, Roger Haquabe, ça m’a fait drôle. Je l’ai extirpé des couches de poussière l’ayant recouvert depuis toutes ces années, et j’ai repensé à toutes ces fois où tu m’avais parlé de ton travail, quand tu me décrivais le froid, l’obscurité, la fierté d’être à la pointe de la technologie, la convivialité, l’ennui aussi parfois… J’ai retrouvé ces souvenirs à la lecture de ce carnet, tes randos avec les collègues, ta rencontre avec mamie, tes pâtes au pistou qui t’ont valu quelques branlées par le capitaine… J’ai souri en pensant à la façon dont toi tu verrais tout ça. Tu m’en avais parlé, une fois, il y a quelques années. Tu te demandais comment ça pouvait être, maintenant. Tu n’es plus là pour l’entendre, mais je sais que tu voudrais savoir. C’est très noir tu sais. Le rocher se mêle au béton et aux faux-plafonds. Les traces du passé se confondent avec celles du présent. Aux gros systèmes d’aération s’ajoutent des amoncellements de cannettes de bières et de bombes de peinture vides, et les équipements de transmission datés de mars 1970 côtoient les graffs « free gaza » ou « free party don’t stop ». J’ai souri parce que je sais que tu désapprouverais, que tu penserais que c’est du gâchis, qu’on les respecte pas, ces lieux. Mais promis papi, on les respecte, on en prend soin. J’ai souri parce que je t’ai imaginé t’agacer en entendant les gens parler du souterrain comme d’un centre d’écoute. « Ils sont couillons ou quoi ! C’est du fantasme complet ! », c’est ce que tu disais toujours, c’est ce que tu aurais dit. Alors j’ai souri parce que, tu sais papi, aujourd’hui, les souterrains, c’est un peu devenu un centre d’écoute. On n’écoute plus des généraux passer des appels, non. On écoute de la musique, on danse, on vit, et ça, je sais que ça t’aurait plu. Je souris parce qu’aujourd’hui, je me rends compte que toi comme moi, on est des souterriens.” 

A la fin de ce moment nous nous sommes redirigé.e.s vers la sortie et avons conclu en invitant les participant.e.s à nous donner un mot sur ce que représentaient maintenant les souterrains pour eux, entre fantasme et réalité. 

Nous ne vous avons pas tout dit… Parmi les participant.e.s, se cachaient trois nouvelles recrues que vous découvrirez tout prochainement ! 

Merci à notre photographe pour les photos !

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